La vie ne se passe pas dans les gros titres
Je peux dire que j'ai été heureuse. Personne ne pourra nous enlever la pluie d'été.
Ça y est, nous nous retrouvons pour cette dernière newsletter de l'année. Comme à chaque fois, je me dis que je m'y prendrai à l'avance, et je me retrouve maintenant, le 31 décembre au matin, à l'écrire depuis mon lit.
Les fins et débuts d'années marquent l'heure des bilans. On se retourne sur l'année qui vient de s'écouler et on s'interroge sur la saveur qu'elle a eue. Qu'elle ait ressemblé ou non à ce qu'on espérait, on s'apprête à reformuler des projets ou envies enthousiasmants pour la nouvelle année qui arrive. Ou pas.
Il y a plusieurs types de personnes : celles qui prennent des bonnes résolutions pour devenir de meilleures versions d'elles-mêmes, celles qui décident de se lancer dans un nouveau projet, celles qui espèrent juste réussir à se maintenir à flot, celles qui espèrent moins de tristesse et de souffrances, celles qui espèrent que cette nouvelle année sera plus clémente.
J'étais en train d'essayer de me prêter à l'exercice, parcourant dans ma tête, mois après mois, l'année 2023. En constatant qu'on ne se rappelle que des "gros événements", et qu’on oublie les petits moments, là où se trouve justement beaucoup de beauté, là où la vie se passe.
Essayez de faire l'exercice, vous verrez. Que diriez-vous de votre mois de janvier 2023 ? Et celui de février 2023, et de mars ? Et ainsi de suite. Seuls les gros titres vous viendront en tête : anniversaire, promotion, déménagement, nouveau travail, décès, naissance, achat, etc. Mais la vie ne se passe pas dans les gros titres. Pas uniquement. Elle se diffuse partout, chaque jour, dans notre quotidien, dans les moments passés avec les personnes qu'on aime et qui nous font du bien. Et aussi, dans les choix que nous décidons de faire.
Au-delà des souhaits pour soi que nous formulerons peut-être ce soir ou dans les jours qui viennent, et si nous faisions un pas de côté ? Pour se demander non pas ce que nous aimerions avoir ou faire en 2024, mais pour se demander ce nous voudrions être. Pour soi et pour les autres.
Je pense que c'est à l'échelle individuelle que nous pouvons changer beaucoup de choses. Qu'est-ce que nous décidons de renvoyer au monde ? De l'impatience, de l'agacement, de la jalousie, de la colère, de la violence, du mépris ?
Ou est-ce que nous voulons faire le choix de la tolérance, du respect, de la douceur, de la compréhension, de l’écoute ?
Je vous laisse sur ces passages qui m'ont touchée de Triste Tigre, où l'auteure, Neige Sinno s'interroge sur la banalité du mal : "À la question de savoir pourquoi les soldats commettaient les pires exactions sur les sites de conflit, j'ai entendu une fois un grand historien spécialiste des guerres mondiales répondre : parce qu'ils le peuvent.
C'est une réponse qui pourrait n'avoir l'air de rien mais il disait cela avec une mélancolie profonde, résultat d'une vie de recherches sur la guerre, le mal, la violence. Ils violent parce qu'ils peuvent, parce que la société leur donne cette possibilité, parce qu'on leur a donné l'autorisation, et quand un homme a la permission de violer, il viole. Comme si le mal était une potentialité toujours présente en nous et que, dans les conditions de possibilité de barbarie, la barbarie se manifeste automatiquement. C'est ça, le théâtre de la cruauté."
Soyons des remparts contre le mal.
Je vous souhaite de belles définitions de vous-mêmes pour 2024.
Je vous embrasse,
Marine
PS1 : Je serais heureuse de vous lire en retour pour connaître votre état d’esprit à l’approche de cette nouvelle année, ou quel goût vous laisse 2023. Pour soutenir cette newsletter, vous pouvez la liker en cliquant sur le cœur, et vous pouvez me répondre en commentaire. Hâte de lire vos mots.
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