De l’angoisse, des churros et un iPhone déchargé
Suspendre le temps d’un instant, le ballet des angoisses
Bonjour à toutes et tous,
Cette newsletter sera plus courte car écrite dans un contexte particulier : rédigée sur une note d’un iPhone bientôt déchargé, sur la route direction l’Espagne, à l’arrière d’une voiture, coincée entre les deux sièges auto de mes neveux, ma grande sœur et ma mère à l’avant.
Neuf heures de route, dans un îlot d’amour de 3m2, rempli de valises, de sacs et de peluches pokemon.
Ce mois fut aussi le retour du ballet des angoisses qui me tiennent éveillées la nuit. Ce moment suspendu que celles et ceux qui ne trouvent pas le sommeil connaissent. Cet entre-deux où le monde est endormi, sauf vous, car le corps ou la tête -ou les deux si vous avez le ticket gagnant- refusent de lâcher. Ce moment où l’optimisme s’échappe, pour laisser le désespoir s’inviter pour quelques heures.
J’ai noté récemment cette phrase que j’ai trouvée assez jolie et qui m’a forcément interpellée, vu le contexte : l’angoisse n’est pas à éviter, mais à traverser.
Que disent nos angoisses de nous ? Et qu'est-ce qu'elles veulent nous dire, à nous, surtout ? On peut ne pas vouloir les écouter le jour et les tenir à l'écart, mais elles se réinviteront, de toute façon, la nuit.
Ça m’a fait penser à cet extrait du spectacle de Payanotis Pascot, quand il parle avec humour de ses insomnies.
« Je pense qu'il faut arrêter avec ce terme d'insomnie. Ce terme, disons-le, c'est un beau mensonge, c’est un cache-misère qu’on utilise pour ne pas dire la vérité.
Vous imaginez la scène au boulot :
“- Ça va Bertrand, t’as une petite mine ?
- Oui, oui, ça va, j’ai juste des petites insomnies en ce moment, mais tout va bien.”
Eh, venez, et si on disait la vérité la prochaine fois ? propose Payanotis :
- “Alors oui, c’est vrai, Eric, j’ai une petite mine car j'ai des problèmes dans ma vie, mais je suis trop lâche pour y penser pendant la journée. Donc j’y pense le soir, Eric, et je pleure. Et vu que je suis allongé dans mon lit, mes larmes coulent dans mes oreilles et j'écoute ma tristesse, allongé, seul dans mon lit. Et toi, c’était comment sinon, Eric, ton week-end dans les Cévennes ?”
C'est ça qu'on devrait dire ! Allez, venez, on fait ça ! »
Vous pouvez retrouver cet extrait du spectacle “Presque” de Payanotis Pascot sur le lien ici. J’en profite au passage pour vous le recommander (dispo sur Netflix), je l’ai trouvé doux, très drôle, tendre, et surtout très juste.
Sans transition, beaucoup m’ont posé la question de l’origine du podcast En Crise. Il y a eu une crise particulière bien sûr, mais c’est une réponse beaucoup plus globale qui me vient, et qui revient à l'origine du podcast justement : aider à remettre du sens quand il n’y en a plus.
Quand la vie nous passe dans la machine à laver. Quand on en sort essoré·es sans plus savoir qui nous sommes et vers où aller.
Et bien je trouve que tous ces témoignages du podcast rappellent que nous ne sommes pas seul·es, il y a eu et il y aura des secousses. Et c’est ça je crois ce qui nous connecte le plus aux un·es et aux autres. C’est là que se passe notre humanité. Quand on baisse les armes et qu'on montre notre vulnérabilité. C'est là, je pense, qu'on se connecte le plus à qui nous sommes et à qui est l'autre en face de nous.
Je vous souhaite des nuits douces et tranquilles.
Je vous embrasse depuis l'autre côté de la frontière et vous dis à bientôt.
Marine, d’En Crise
Ps : ça fait toujours énormément bien de savoir que nous ne sommes pas seul·e à traverser des moments pénibles, alors franchement, n’hésitez pas à me partager en commentaire de cette newsletter, si vous aussi, ça vous arrive. Comme ça, on crée une communauté super sexy de #teamanxieux et on se sent moins seul·e.
Ps 2 : n’oubliez pas de cliquer sur le coeur pour soutenir la newsletter si elle vous a plu. Au-delà de me faire plaisir, ça m’aide à être mieux référencée sur la plateforme de Substack (je crois). Merci beaucoup, coeur avec les doigts <3
Ps 3 : Bonne nuit 🌙
Angoisse et anxiété ne sont pas synonymes de lâcheté : elles naissent d’un excès de cœur à l’ouvrage. Celui du travail ou de toute une vie.
Et donc, Oui, tu es obligée de les traverser avec bien souvent, à l’issue, plus de forces que de faiblesses si, ton autonomie a pu être préservée avec un peu d’accompagnement, en sus, sur le chemin 😉
Bonnes vacances Marine!